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C’est indéniable : la société actuelle s’intéresse beaucoup aux innocents, aux présumés innocents, aux « jugés non coupables ». Elle les regarde, elle les scrute. Des hommes jamais jugés, ne faisant parfois l’objet d’aucune poursuite, sont montrés du doigt et mis au ban. Des hommes jugés « non coupables » sont traités comme d’éternels suspects et se voient refuser un retour à la vie normale. Et les hommes, dans leur ensemble, sont enjoints de ressentir de la « honte », même s’ils n’ont commis aucune faute, aucune infraction. Les innocents, présumés innocents, jugés non coupables, sont au cœur des débats.
Mais qu’en est-il des coupables ? Ceux qui l’admettent pleinement. Ceux qui mettent du temps à le reconnaître. Ceux qui le disent à demi-mot. Ceux qui tentent de comprendre comment ils en sont arrivés là. Ceux qui ont le courage de s’interroger. Ceux qui se taisent. Ceux qui choisissent le déni. Ceux qui accusent en montrant du doigt ce qu’ils estiment être la cause de leurs agissements. Ceux qui recommencent. Tous ceux qui sont jugés comme tels : coupables. Il n’existe pas de coupable modèle : il n’existe que des nuances.
Il ne devrait toutefois y avoir aucune nuance dans le traitement qui leur est réservé, une fois que la justice s’est prononcée sur leur cas. Il ne devrait notamment exister qu’une seule façon de traiter les hommes jugés coupables de violences sexuelles, a fortiori lorsqu’il s’agit de faits criminels, une fois que ceux-ci sont placés sous main de justice : la première – si ce n’est la seule – ambition du système carcéral devrait être de permettre la réinsertion sociale de ces hommes sans que cela ne représente un danger pour notre société, sans que cela ne représente un danger pour les femmes.
Comment un jeune homme, encore mineur, reconnu coupable d’un viol après avoir suivi une femme dans un bois, et condamné à sept ans de réclusion criminelle pour ces faits, a-t-il pu purger sa peine dans un centre pénitentiaire en France, et sortir de détention, à 21 ans, capable de récidiver immédiatement et, pire, de tuer sa victime, Philippine ?
La question qui doit être posée ici n’est pas géopolitique ou administrative. Si ce ressortissant marocain avait été expulsé du territoire français immédiatement après sa peine purgée, que se serait-il en effet passé ? Sans doute s’en serait-il pris à une autre femme dans un autre pays. Les violences faites aux femmes n’ont pas de frontières. L’inadmissible n’a pas de nationalité.
Alors non, ce n’est pas un « raté administratif », comme on a pu l’entendre ici et là. C’est plutôt la manifestation d’un immense échec du système judiciaire et carcéral français. Un échec sur lequel la société doit ouvrir les yeux.
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